05/08/2024

Not-so-old man yells at cloud

En mai j'ai constaté que mon compte SETI@home date de mai 1999. Vingt-cinq ans de contributions de temps CPU (et plus récemment GPU) à du calcul scientifique distribué, le temps passe vite. Ça fout le vertige un peu, mais pas autant que quand je vois la quantité de ressources qu'ont englouti les divers délires à base de blockchain au cours des seize dernières années. Je n'ose même pas imaginer ce qu'on pourrait accomplir en mettant tous ces clusters à disposition de la recherche scientifique au lieu de chasser des billets de Monopoly virtuels.

Il y a quelques années j'aurais dit que les cryptomonnaies étaient une mauvaise application des blockchains, qui sont une technologie intéressantes. Le temps m'a prouvé que j'avais tort, il n'existe pas de bonne application des blockchains. Chaque contre-exemple qu'on m'a avancé serait plus efficace, plus robuste, plus économe avec à peu près n'importe quelle autre technologie. On est totalement face à une solution à la recherche de problème, massivement adoptée par des escrocs de tous poils et des idiots utiles.

Même chose pour l'engouement de ces dernières années pour tout ce qui est "intelligence artificielle" (pire terme possible pour une notion on ne peut plus nébuleuse). Comme pour les blockchains le problème est surtout dans les promesses des techbros : on présente ça comme étant The Next Big Thing qui changera absolument tout (sans jamais préciser comment) et les investisseurs sont partagés entre ceux qui ne comprennent rien mais embarquent par peur de louper le coche, et ceux qui ont compris que le seul coche à ne pas louper est une bulle spéculative sur laquelle surfer tant qu'elle dure. Au diable l'impact, y'a du fric à se faire. Le bilan carbone de Google a bondi de 48% en cinq ans alors qu'on vit dans une époque où la réduction drastique devrait être le maître mot, c'est du délire total.

Pendant ce temps je vois dans mon métier des juniors (et tristement des moins juniors) se reposer sur ChatGPT pour ne surtout pas réfléchir, et s'en vanter au nom du "temps gagné". Il y a deux-trois vérités que les vendeurs de générateurs, leurs utilisateurs enthousiastes, et les managers lassés des salaires des devs refusent d'accepter : dans le développement de logiciels la partie difficile n'est pas d'écrire du code, et dans le développement logiciel la majeure partie du travail n'a même pas à impliquer un ordinateur. Il n'y a rien de révolutionnaire dans un autocomplete inefficace qui génère des défauts qui ne seront pas détectés avant qu'il soit trop tard (malgré la perception positive qu'on peut avoir de leur output).

Peut-être que le carnage récent par CrowdStrike sera un rappel de l'importance de la correction des logiciels. Peut-être. En tout cas ce qui est certain c'est que je ne manquerai jamais de boulot.


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