Bloguidien : fun fact
Le sujet Bloguidien du jour est : "Donnez un fun fact aléatoire."
Ah oui je sais, j'en ai un qui est super rigolo : un bug de concurrence a provoqué la mort de quatre personnes et des séquelles à vie pour deux autres. Oui, pour de vrai.
Ça calme, hein ?
Les logiciels ne sont pas anodins. Même sans aller jusqu'à des logiciels contrôlant des machines qui peuvent tuer, comme celui évoqué ici, nous sommes entourés d'un grand nombre de programmes en permanence. Ils ont plus ou moins d'importance, leur impact est plus ou moins significatif, leur absence serait plus ou moins remarquée… mais il sont là. Ils sont nombreux, ils sont pour certains interconnectés, ils ont de l'influence sur notre vie minute après minute. Pourtant on les considère habituellement comme un "ailleurs", comme on parle de ce qui se passe en ligne en le mettant en opposition à "la vraie vie". L'écran est une frontière, semble-t-il.
Le problème c'est que quand on considère que les logiciels composent une catégorie "virtuelle" qui ne ferait pas partie de "la vraie vie" on s'empêche de penser à l'impact qu'ils peuvent avoir sur les vies bien réelles de gens bien réels, et en conséquence on s'interdit d'accorder à la conception et la réalisation de ces logiciels la rigueur nécessaire pour garantir leur qualité. En bref : si on construisait les ponts de la même manière qu'on construit les logiciels, les fleuves seraient autant des frontières infranchissables.
Après quinze ans en tant que professionnel du murmure à l'oreille des ordinateurs je suis très tendu quand je vois des gens se présenter comme "software engineer", alors qu'on ne cesse de bricoler des machins à partir d'éléments récupérés de source louche ou inventés sur un coin de table sans la moindre vérification (si ça compile c'est que tout va bien, hein) et qu'on blague sur le fait qu'il ne faut pas déployer en production un vendredi parce que évidemment une mise en production ne peut que révéler des problèmes qu'il va falloir résoudre avec autant de bricolages hâtifs encore moins vérifiés. Prenez un instant pour faire un inventaire mental du nombre de bugs rencontrés au cours d'une journée ; prenez un instant pour mesurer à quel point on a internalisé que c'est normal que les logiciels défaillent tout le temps dans tous les sens, au point que ça devient un réflexe de juste relancer le machin à partir de zéro. Ensuite pensez à l'absence totale de prise de responsabilité par toute la chaîne humaine qui a mené à ce gros tas de merde. C'est de l'ingénierie ça ?
Nous ne sommes pas des ingénieurs, mais nous gagnerions tous à essayer de nous comporter comme des ingénieurs.
Ce post fait partie d'une série dans le cadre du Bloguidien, une inspiration à l'écriture quotidienne à l'initiative de Lord et Dryusdan.